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Encore de l'argent gaspillé lorsque j'ai acheté le bouquin, le torchecul plutôt, d'Alain Dister sur le Grateful Dead. Connaissez vous beaucoup de livres portant sur un groupe de rock, un qui contient d'ailleurs au moins un bon instrumentiste qui aime prendre son temps, et qui, à la page 100, n'a encore rien dit sur la musique du groupe.
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Je passe, chers lecteurs, une petite tête dans ce blog à l’approche des vacances. Quelques nouvelles, sans plus.
Suisse : J-4, baby, yeah!
Signalons tout d’abord un admirable article dans la dernière livraison de XXI, l’une des dernières publications à donner encore des articles de fond valables. Outre les papiers sur le destin de trois îles à travers le monde (l’archipel des Marshall, Nauru et une île sur le lac Kivu) et une plongée dans les névroses de Vincent Lindon, il ne faut rater sous aucun prétexte l’article consacré à Antoinette Fouque, papesse du mouvement féministe, qui est un dégonflage de baudruche comme on aimerait en lire beaucoup, beaucoup plus souvent. L’exercice n’est d’ailleurs pas très difficile : il suffit de rapporter des faits et la baudruche se dégonfle toute seule. Ici, sans opinion défavorable affichée, chaque fait rapporté contribue à mettre en parallèle la légende dorée (la libération des femmes, le combat justifié par les « avancées » qu’il a procuré) et la réalité, où les féministes de l’entourage d’Antoinette Fouque ne paraissent guère plus qu’un groupe sectaire de lesbiennes manipulées et tant honteuses de ce qu’elles ont subi qu’aucune ne veut raconter, encore aujourd’hui, ses souvenirs. L’auteur de l’article compense en mettant en cause la crédibilité et le sérieux du mouvement : jeux de mots et happenings foireux (la gerbe pour la femme du soldat inconnu), inscription par Fouque du MLF comme une marque déposée qu’elle laissera ensuite péricliter, syndrome du gourou, tout cela pour finir sur une liste de Bernard Tapie aux européennes, dont on ignorait jusqu’à présent le côté féministe. C’est un peu comme si on sortait à votre mariage des photos de vous en pattes d’eph, puis dix ans plus tard un portrait aux côtés d’Alain Madelin.
Bref, la lecture de cet article me transporte dans un état de béatitude. Ils ne l’ont pas ratée. Vivement le portrait de Bernard Henri-Lévy !
Au cinéma, le dernier Harry Potter, en progrès très net sur le précédent et au niveau du troisième, celui de Cuaron. Les images sont superbes, la magie n’est jamais tape-à-l’œil, Malfoy réussit enfin à être autre chose d’un ouistiti grimaçant, il y a une bonne dose de second degré (quand on a un gros balai, on en a une toute petite, pour résumer) et quelques scènes superbes. Les puristes regretteront la coupure de quelques passages, et notamment du combat final avec les death eaters, mais cela n’aurait que rallongé et affaibli le propos. Le clou du spectacle, c’est la scène dans la caverne, introduite par un grand mouvement balayant de la caméra au-dessus d’une mer décahînée et conclue par un tourbillon de feu sur l’eau noire, digne des productions de Bill Viola pour le Tristan de la saison passée. La mort de qui-vous-savez (à ne pas confondre avec celui-dont-il-ne-faut-pas-prononcer-le-nom, qui est toujours vivant) est en revanche un peu faiblarde, et en rien comparable au choc qu’elle produisait dans le roman. 4/5 quand même.
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Nous parlions de musique « concrète » la dernière fois. L’une des définitions les plus simples est qu’il s’agit de bruit disposé selon un plan, donc de bruit composé. Pourquoi cette musique serait alors « concrète » ? Car, au contraire du processus habituel de production de musique (classique), où la pensée du compositeur produit une partition qui est ensuite jouée, ici le compositeur travaille directement sur le son, le joue en boucle, le filtre, le modifie. L’étape d’abstraction intellectuelle que constitue l’écriture sur une partition n’existe plus. Pas abstrait, donc concret.
C’est dire que cette musique ne pouvait apparaître qu’une fois que des moyens d’enregistrement, de reproduction et de césure sonores suffisamment efficaces (en l’occurrence le magnétophone) seraient disponibles. Deux questions, d’inégale importance, se posent : quelle production du son peut-on se permettre ? et quelle transformation ? (j’ajouterais : pour quel résultat ?)
L’approche adoptée par Pierre Schaeffer, précurseur de la musique concrète à la française, est celle de l’enregistrement des bruits « dans la nature », puis leur transformation au moyens de filtres électroniques, de découpages de bandes, de répétition en boucle. Le geste très patient et artisanal du compositeur, qui d’un processus très ennuyeux et très long tire quelques minutes à peine de son organisé qui, avec un peu de chance, « parlera » macroscopiquement aux auditeurs, n’a pas connu beaucoup de succès. Trop long, trop ennuyeux à pratiquer, trop expérimental à écouter. La « musique concrète » n’était pas tant faite pour la salle de concert que pour les chaînes hifi, qui ne devaient pas être tellement répandues à l’époque. Sonorement, le repiquage multiple des sources sonores, leur gravure sur des disques à sillons fermés, tout cela engloutissait peu à peu le son dans un souffle et un grain imposants et encombrants.
Pierre Schaeffer, authentique produit de l’X, sembla toujours préférer la recherche à la production d’œuvres achevées. Après avoir montré la voie et formé un disciple (Pierre Henry) qui fera évoluer la musique concrète vers des terres où elle pouvait être « industrialisée », il se consacrera majoritairement à des travaux de recherche sonore au sein de l’ORTF. Il a donc peu « produit », sans doute trop en avance sur son temps, sans disposer, ou sans utiliser quelques outils capitaux qui feront la réussite de ses successeurs qu’il a accepté de voir le dépasser, et en prenant des options parfois stériles (le son « naturel » comme matériau brut) ou peu fructueuses.
Et pourtant, son impact est loin d’etre négligeable. Il reste en effet l’idée de « composer » le bruit ; et le principe de transformation des sons naturels. Dans l’ « étude aux chemins de fer », on sait d’où provient le matériau brut, et l’on peut reconnaître de temps en temps quelques fragments ; mais le produit fini ne ressemble certes pas à un train qui passe dans la campagne, le soir ! Il reste également les fruits de manipulations expérimentales sur les bandes magnétiques, qui ressortissent autant de la musique que de la psychologie. L’attaque d’un son provenant d’une bande coupée droit ne sonne pas pareil que le même son sur une bande coupée obliquement. Le premier « explose » dans les oreilles bien plus que le second. Le « solfège de l’objet sonore » et le « traité des objets musicaux » tentent, eux, de conceptualiser analytiquement les éléments de base de la musique concrète : qu’est-ce qu’un objet ? quelles sont ses caractéristiques ? durée ? épaisseur ? complexité ? Comment analyser le timbre, qui devient manifestement un paramètre essentiel de ce nouveau type de musique ?
Il convient d’ailleurs de noter que, même si la musique de Schaeffer peut paraître aussi « inaudible » que celle de ses contemporains jouée sur instruments, les démarches réciproques sont opposées. La musique concrète à la française se veut anti-intellectuelle, terrestre ; et s’espère un jour appréciée du grand nombre. Les terroristes sériels des années 50, eux, se moquaient bien d’avoir un public.
Mais, hélas, le succès ne fut pas au rendez-vous. Trop peu de rythme, sans doute, trop peu de mélodie, et une très grande difficulté de préserver une cohérence d’ensemble dans des pièces qui se créaient au centimètre de bande près. D’autres compositeurs, plus tard, en prenant d’autre choix, redessineront le cadre de ce qui sera plus volontiers appelée ensuite « musique électro-acoustique », ou « acousmatique ». Luc Ferrari, sans abandonner les parti-pris de Schaeffer, se laissera tenter par une approche qui ressemble plus à une carte postale sonore : les bruits se reconnaissent, on entend ça et là des conversations. D’autres au GRM toucheront à l’habillement sonore (les indicatifs de Radio France ; le glouglou sonore de Roissy, du à Bernard Parmegiani) ; et finalement les facilités incomparables des instruments électroniques, synthétiseurs en premier lieu, finiront par orienter durablement le processus créatif.
Il est piquant au demeurant de voir que cette drôle de musique qui cherche sa place en tâtonnant, qui ignore même si elle est réellement de la musique, connaîtra une de ses plus grandes audiences avec… les Shadoks ! Car du début jusqu’à la fin, les « tapis sonores » de cette série mythique sont les produits de l’école créée par Pierre Schaeffer.
Now playing : Depeche Mode, « my secret garden »
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Le travail très prenant de ces dernières semaines m’a pris beaucoup de temps, et je n’ai pas eu le loisir de poster des bêtises ici autant que je l’aurais souhaité. Que mes lecteurs se rassurent, le réservoir à Sparta n’est pas encore vide. Avant mon départ pour les Grisons (pour les vacances, pas pour le boulot), je compte bien en poster encore un ou deux.
Rattrapons ce qui doit l’être. Pour le moment, votre serviteur est madrilène. Qu’est ce qu’il fait chaud, dans ce pays ! Mais quoi, la nourriture est bonne (le "cordero lechado" = l'agneau de lait, la "morcilla"), l’alcool n’est pas compté (une spécialité locale, qui doit s'appeler "pacharan" ou quelque chose de ce genre) et les gens sont sympathiques. Et, comme je l’ai dit, une ville où les stations de métro s’appellent « Pio XII » ou « Reyes Catolicos » ne peut pas être totalement mauvaise. Les façades des ministères ou des bâtiments militaires ne sont pas dégoûtantes non plus (ni modestes). Un peu mussoliniennes, si j'ose la comparaison. Bref, sympa.
Au cinéma il y a peu, « very bad trip ». Marrant même si le film s’offre quelques facilités. 3/5 dans l’ensemble ; certaines scènes (mafia chinoise notamment) valent largement du 4/5 mais pas tout.
A la télé, tout le temps, l’omniprésent Michael Jackson. Pas une seule bonne chanson depuis 1987, et quel tintouin ! Quel bourrage de crâne ! Le vacarme médiatique n’est certes pas proportionnel à la qualité de l’artiste qu’on enterre. (Je n’ose penser aux célébrations dont on va souper quand on enterrera Roger Hanin ou Phil Collins).
A part cela, votre serviteur plonge avec délices dans les musiques que l’on qualifie d’électroniques ou d’expérimentales, faute de savoir mieux dire. Electroniques ? Non, pas celle des DJ sakozystes qui trustent les bacs à CD mais plutôt le bruit enregistré. Un très bon bouquin est paru sur le thème chez « le mot et la chose », qui ratisse bien plus large que les seules musiques purement « électroniques », c'est-à-dire celles où la production et la manipulation du son est assurée majoritairement par des systèmes électroniques d’une complexité significative ; et où la manipulation du son est suffisamment poussée pour changer sa nature. Je sais, cette définition est très attaquable et peu précise ; mais comment définir un fourre-pas-tout-mais-presque ?
Veut-on des noms ? Klaus Schulze, Merzbow, Einstürzende Neubauten, Luc Ferrari, entre autres. C’est dire le peu de points communs. On peut encore trouver une bonne anthologie de ces musiques, très expérimentales et pas toujours abouties, sur le triple CD « OHM, the gurus of electronic music ». La poésie qui s’en dégage, partiellement involontaire, tient à l’âge des pièces produites, à la manière dont on les a produites et peut-être aussi au fait qu’elles ne sont pas reproductibles, donc fragiles. Quand on doit trafiquer, couper, repiquer plusieurs dizaines de fois des disques en acétate ou des bandes, le son prend une certaine qualité soufflante et rugueuse, qu’on appellera bien plus tard « guerilla recording ». C’est comme si des expériences sonores du fond de l’âge de la musique concrète revenaient à la surface ; c’est l’équivalent des films expérimentaux des années 30 (« Rose Hobart » de Joseph Cornell, par exemple) : le support est si abîmé que le message en est rendu un peu maladroit et passe à peine.
Une des rares émotions immédiates qu’on peut éprouver à l’écoute de la musique concrète, je l’ai éprouvée en écoutant « wireless fantasy » de Vladimir Ussachevsky, une pièce fabriquée en modifiant des sons de télégraphie sans fil. Il y a du souffle, du bruit blanc, les bip-bip de Spoutnik et, au milieu de toute cette friture radiophonique, on entend des passages de Parsifal. C’est superbe. On peut s’imaginer perdu au milieu du Great Divide, loin de tout (« survolant le pot-au-noir » comme diraient ces cons de journalistes), et seulement relié au monde, ou à quelque avant-poste, par une radio. A ce moment-là, tout ce qui reste du monde, pour vous, est résumé dans quelques mesures de Parsifal. Hormis ces fragments de Wagner, le monde, dont vous êtes le seul survivant, est retourné au néant.
Eh oui, voilà ce que peut faire la musique concrète, c'est-à-dire, et n’ayons pas honte de le dire, du bruit enregistré et organisé. Musique concrète injustement inconnue, car si Pierre Henry a son cercle de suiveurs, qui connaît encore Ussachevsky ? Qui a pleuré la disparition récente de Bebe Barron ?
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Une ville qui donne à ses stations de métro des noms tels que "Pio XII" ou "Reyes Catolicos" ne peut être totalement mauvaise.
Encore qu'il y fait bougrement chaud. Mais ils ne sont pas arriérés comme nous, et l'on peut apprécier partout l'air conditionné madrilène. J'y joins en ce moment un salmorejo, c'est à dire une espèce de gazpacho, mais en mieux.
Pas de Sparta, mon stock est resté à Paris. Peace.
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